Colombie 2021 – De retour à Ibagué

La dernière fois que j’étais venu ici, juste avant le début de la pandémie j’avais aussi commencé mon périple en vélo de Ibagué. Sauf que j’étais resté quelques jours à Bogota avant et que l’altitude et la pollution avaient eu raison de mes poumons et j’avais passé deux semaines à tousser ensuite. Pour ne pas renouveler cette erreur, cette fois ci, j’ai aterri à Bogota, je suis passé chez mon amie Ginella où j’ai été acceuilli comme un membre de la famille et j’ai pris un bus pour Ibagué où j’ai retrouvé Angela pour donner une suite à notre périple de l’an dernier (je vais le publier ici un jour).

Angela pousse son vélo

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Colombie – San Rafael / Alejandria / Concepcion / Medellin

Dernier droit avant de retourner à la ville. La nuit à la Zafra n’a été comme aucune autre. Les animaux de la jungle ont accompagné mon sommeil. Un vacarme assourdissant entre les grenouilles, grillons, oiseaux et autres créatures. Bref, pas très reposant mais une expérience à vivre.

La sortie de San Rafael, pour changer se fait dans une montée interminable dans un chemin pierreux jusqu’au village d’Alejandria.

 

Le calme de la campagne est phénoménal. Le chemin serpente jusqu’à arriver au village. J’y mange un bout et continue mon chemin jusqu’à Concepcion où je passe la nuit.

Le lendemain je reprends ma route jusqu’à Medellin, où après avoir grimpé au milieu des camions j’ai descendu une descente grisante où j’allais plus vite que les véhicules autour de moi. L’adrénaline à son maximum!

L’album photos

Tracés GPS:
San Rafael – Concepcion
Concepcion – Medellin

Colombie – Guatapé à San Rafael

Guatapé est une petite ville très touristique de la Colombie. Un endroit incontournable pour les touristes. J’y trouve facilement de quoi me loger et comme je me sens un peu enrhumé je décide de rester là pour deux nuits. Je visite le village (mais ne fais que peu de photos, vous en trouverez plein sur Internet), et je me trouve une belle activité pour la journée. Je m’en vais faire du parapente.

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Colombie – Fredonia à Guatapé

Il faut encore une fois descendre dans la vallée après Fredonia. Encore quelques kilomètres avec mon groupe et je pars vers la droite pour des aventures en solitaire. Je descends pendant quelques kilomètres avant de rejoindre la route principale, de me restaurer et de reprendre la montée vers Jerico. Le temps s’étire et je commence à avoir des doutes sur ma capacité d’arriver au village avant la nuit.

Soudain, un groupe de motards me bloque la route et m’empêchent de continuer…

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Colombie – Jerico à Fredonia

Nous voilà à Fredonia. C’était la dernière étape avant de quitter mon groupe. Mais quelle étape! Une descente de dingue à descendre 13 kilomètres sur un chemin désaffecté, pour ensuite remonter pendant 20km de l’autre côté de la vallée.

À partir de demain, je voyage seul.

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Colombie – Jardin

Aujourd’hui journée de repos à Jardin. C’est un village assez touristique de la région d’Antioquia en Colombie. On profite de la journée pour faire un tour dans un téléphérique artisanal et se promener dans les rues. Ensuite on visite une pisciculture où on peut déguster une merveilleuse truite à la panela, du sucre de canne, rappelant notre sirop d’érable.

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Colombie – De Concordia à Jardin

Une journée qui commence au dessus des nuages avec une longue descente de 22kms sur l’asphalte plutôt trippante. Mais en Colombie, après la descente la montée… Le chemin serpente jusqu’à rejoindre les champs de café et le joli village de Jardin où je passerai plusieurs jours pour profiter de l’endroit. Les photos ici

Colombie – De Urrao à Concordia

Une étape qui se déroule majoritairement sur l’asphalte, mais avec tout de même son lot de défis. La sortie de Urrao est facile et nous prenons un faux plat qui dure quelques dizaines de kilomètres avant de commencer une ascension. La vallée devient de plus en plus encaissée et la météo est clémente. Sur la gauche des arbres géants arborent une sorte de lichen spectaculaire leur donnant des allures fantomatiques.

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Colombie – De Medellin à Urrao. Au coeur des montagnes d’Antioquia.

Pour sortir du chaos de Medellin, il faut commencer par une longue montée dans les pots d’échappement le long des communas, ces endroits construits à la va-vite par les réfugiés qui fuyaient les combats de la guerrilla et rejoignaient les villes.

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Un peu plus au sud, la Colombie

Depuis quelques heures, le ronronnement des réacteurs altère la mélodie de George Moustaki et de Manu Chao qui m’accompagnent. Me voilà assis dans le vol de Copa en direction du Panama, escale obligée pour arriver à Medellin en Colombie après être passé au dessus de Cuba et avoir eu un pincement au coeur. Pour la première fois je vais mettre les pieds (et les roues) en Amérique du Sud. C’est un mélange d’excitation et d’anxiété qui m’habite face à cette destination inconnue et pleine de mystère.
C’est sûr qu’avec mes périples en terres cubaines je me suis fait une idée des population latino-américaines, mais c’est sans aucun doute quelque chose de bien différent qui m’attend cette fois, dans un pays montagneux déchiré par des années de guerilla mais maintenant généralement apaisé. La Colombie et ses montagnes est probablement un terrain de jeu parfait pour un insatiable cycliste.
C’est toutefois une expérience bien différente qui m’attends puisque je suis parti sans ma monture. Je loue un vélo de montagne. Donc il faudra oublier les longs trajets que j’aime tant et prendre plus le temps. Monter plus, pousser le vélo peut-être dans les chemins ou la boue. Ça va probablement orienter mes choix en matière de cyclotourisme pour les années futures.
De partir début décembre c’est aussi différent. Pas encore eu le temps d’être mordu par l’hiver et d’avoir envie de fuir vers la chaleur. Pas encore eu le temps de vraiment faire mon grincheux de Noël, Ariane ayant eu la délicatesse d’attendre que je sois parti pour se plonger dans la *magie* des fêtes.
Au programme : 9 jours de vélo avec un groupe local (https://pedaleandoalma.com/) dans la province d’Antioquia autour de Medellin. On doit visiter les villages patrimoniaux de la région.

La suite n’est pas encore déterminée. Je vais probablement partir seul avec mes sacoches dans la région. On verra selon l’ambiance, la météo, mes envies, le terrain. Elle va dépendre des rencontres, des lieux, de ce que le hasard fera.

2017 – Jour 9 – Mayari – Guardalavaca – Holguin

Photos ici!

Depuis que l’allemand m’avait parlé de langouste j’étais tiraillé par l’idée d’en déguster une. Mais à Cuba, comme tout est commerce de proximité, il faut être au bord de la mer pour trouver des langoustes. J’ai donc décidé de me rallonger de 50kms pour y goûter. Je pars tôt, comme d’habitude et je roule en direction de Banes. La route est d’abord très belle puis se dégrade pour avoir quelques passages en terre. Puis près de Banes, les collines commencent, jusqu’à la mer. Je croise un cycliste cubain et échange quelques minutes avec lui, puis j’arrive à la mer. Je trouve facilement un paladar qui cuisine le fameux crustacé. Après avoir englouti la bête je repars et suis le bord de mer. Je tombe alors sur German, mon ami taxi avec qui nous avions traversé pour la première fois l’île. Nous discutons un bon moment. Je lui raconte mon périple, il me parle de son auto. Enfin je reprends la route où je rejoins Holguin.

2017 – Jour 8 – Guantanamo – Mayari

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Originalement, je voulais passer par Mayari Arriba (en haut des crêtes), et descendre par un chemin de terre jusqu’à Mayari. Cependant sachant que ça traverse une zone semi-militaire, j’ai préféré afin de ne pas me retrouver à devoir rebrousser chemin, passer par la route habituelle. Les informations que j’avais étaient qu’il y avait de la montée, mais j’ai été surpris par environ 25-30 kms de chemin de terre. De plus, ma mamie de Guantanamo m’avait mis ma bouteille à congeler, et elle était percée. Quand je m’en suis rendu compte il était trop tard, j’ai donc traversé toutes les montagnes sur une petite bouteille d’eau, en économisant entre chaque possibilité de la remplir. Le soleil s’est ensuite mis de la partie, mais comme ils disent « Con calma llega » (lentement on arrive), j’ai rejoint Mayari le soir et trouvé une casa tenue par deux docteurs dont les signes de richesse étaient assez évidents. Rien de palpitant en chemin en dehors d’un arrêt impromptu chez quelqu’un pour lui demander quelque chose à manger et une visite de sa plantation de bananes et de café.

2017 – Jour 7 – Retour à Guantanamo

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J’ai hésité longtemps avant de décider si je rentrais par la route du sud ou si je repassais par Moa comme l’an dernier. La route vers Moa est belle pendant une vingtaine de kilomètres où alternent asphalte détruit et chemin boueux, mais traverse ensuite une zone aride presque désertique et le chemin est cahoteux. Je préférais donc refaire un peu de montagne en remontant la Farola et retourner voir la mamie qui tient la casa où je logeait à Guantanamo. Une sacré femme avec un caractère bien latin qui me rappelait parfois les amis de ma grand-mère. Voilà donc une étape un peu longue, mais avec des conditions de route parfaites. En montant je remplis mes bouteilles dans les source, puis dans la descente un peu après Alto de Cotilla, voilà que je vois un homme avec un grand chapeau de paille poussant son vélo. C’était mon allemand qui s’en allait vers Baracoa après avoir passé une nuit chez mon ami Jose. Il me raconte qu’il a aussi passé du temps au village et qu’il y a laissé du linge de des pesos, se sentant un peu désemparé devant la situation des villageois. Je reprends ensuite la route et je roule rondement, le vent dans le dos jusqu’à Guantanamo, non sans m’arrêter prendre un verre et me faire draguer avant de quitter le littoral. Je rejoins facilement Guantanamo.

2017 – Jour 6 – Déambulation autour de Baracoa

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Baracoa elle même a été plutôt bien reconstruite suite au passage de Matthew. Quelqu’un qui ne saurait pas que c’est arrivé ne pourrait se douter de rien. Quelques ruines ornent bien sûr le Malecon, mais on trouve des ruines dans toutes les villes cubaines, donc ça ne semble pas vraiment anormal. J’ai voulu aller jusqu’au Rio Toa, celui qui sortant de son lit a emporté le seul pont qui permette d’aller vers l’Ouest jusqu’à Moa. La végétation est (était) luxuriante. Je sors tranquillement de la ville en passant devant la fabrica de chocolate Che Guevara puis me promène. Après quelques dizaines de minutes, j’arrive finalement au Toa. Le pont n’est plus là bien sûr, mais ils ont construit un oassage bétonné qui permet de traverser sans difficultés et sans se mouiller les pieds. Je traverse la rivière et rejoins le village sur l’autre rive. C’est la sortie de l’école. Je m’asseois dans une de ces cabanes qui servent à attendre un transport et suis rapidement rejoint par des écoliers d’une dizaine d’années.
« Where are you from » me demande un garçon. J’entre dans son jeu et lui réponds en anglais. Évidemment, il ne comprend pas, mais une gamine elle comprend et enchaîne avec un « What is your name ». Rapidement nous passons à l’espagnol et ils me demandent de leur parler de mon pays. Il me demandent si ma maison est grande, si j’ai une douche. Je leur montre des photos du Québec, puis de la neige. À ce moment la gamine m’interroge et veut savoir comment c’est la neige quand elle tombe. J’essaye de lui expliquer, amusé par la question. Elle demande ensuite si on se déplace en traineau comme le père noel.

Après quelques dizaines de minutes, je repars en direction de Baracoa, et prends un petit chemin sur la gauche qui m’amène à la plage. Une belle plage de sable noir ou il n’y a que moi. Immédiatement une gamine arrive pour tenter de me vendre des choses. Elle parle un espagnol clair, lentement pour s’assurer que je comprenne. Elle finit par faire sa vente. Je me baigne, puis vais jusqu’à la rivière prochaine (Duaba) en passant devant des maisons complètement détruites. Au bord de l’eau, deux femmes sont en train de laver leur linge et de l’étendre au soleil. Moi j’en profite pour nettoyer rapidement ma monture. Je retourne sur mes pas, et quand j’arrive à la maison de la fillette, ses parents sont là. Ils me saluent, et me racontent que leur maison était un peu plus loin, dans le marais. Elle a été détruite, et après les larmes, ils se reprennent ici, dans une maison plus grande et somme toute coquette, même si elle est en bois. Ils ont 5 enfants et me disent de passer les voir si je reviens.

2017 – Jour 5 – Camion jusqu’à La Machina puis Maisi – Baracoa

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En étant refoulé à Palenque, mes plans ont été pour le moins chamboulés. Je voulais à l’origine faire l’itinéraire actuel dans la direction inverse et je n’avais pas vraiment envie de repasser à Moa. Force est de croire que je vais y être contraint, mais bon. Aujourd’hui mon périple m’a amené dans la zone la plus orientale de l’île, celle décimée par l’ouragan Matthew en Octobre. On m’a offert un transport en camion jusqu’à La Machina dont j’ai profité évitant ainsi certaines côtes vertigineuses, et me permettant d’arriver un jour plus tôt à Baracoa. La route en état moyen serpente de montées en descentes vertigineuses au milieu de palmiers dévastés. L’ouragan a fait ici ce que les compagnies forestières font en cachette chez nous. Un sentiment étrange m’a habité toute la journée. Une certaine compassion pour ces gens qui ont perdu pour la plupart leurs toits (remplacés par ailleurs en presque totalité par le gouvernement) et l’impuissance de n’être que témoin devant cette catastrophe.

Suite au passage de l’ouragan, le gouvernement a décidé d’investir dans la région pour en développer le potentiel touristique. Ils ont construit un campismo près du phare et sont en train de refaire une partie de la route entre Baracoa et Maisi pour supprimer un passage d’une pente inchiffrable, mais impossible à monter en vélo (je l’ai descendue). C’est plutôt une bonne nouvelle pour la région qui va avoir besoin de quelques années pour se remettre debout.

J’aurais dû être à Guantanamo ce soir au lieu de Baracoa pour prendre une pause. Je vais la prendre ici, même si Baracoa est une ville très touristique et où l’authenticité cubaine cède le pas à la possibilité de m’extirper quelques pesos. J’ai besoin de me reposer avant de repartir.

2017 – Jour 4 – Guantanamo – Cajo Babo

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Première journée de contact avec les dégâts de l’ouragan, cette journée de seulement 100km je la prends tranquillement. En sortant de Guantanamo je croise de nombreuses personnes en vélo avec d’immenses sacs d’herbe qui retournent vers la ville. J’en croque deux et je continue mon chemin. Cette route à l’asphalte parfait longe la côte. Je roule jusqu’à San Antonio del Sur où je retourne voir mon ami Javier. De grandes accolades, de la joie. Toute la famille est contente de revoir le Yuma. Aussitôt arrivé, on me sert un potage avec du riz, sans même me demander si j’ai faim. L’accueil cubain dans sa splendeur. Je sors du chocolat et on passe un bon moment ensemble. Il me dit que je dois revenir avec Ariane et qu’on tuera un porcinet pour le manger rôti, et il insiste! Je reprends la route en direction de Cajo Babo, là où l’oeil du cyclone est passé. Je suis toujours dans l’attente de voir l’état de la maison de mon ami, qui est à seulement 100 mètres de la plage. Sur les bords de la route, les palmiers sont déracinés, au croisement des rivières, on voit tout ce que l’ouragan a déversé et qui est descendu de la montagne. Finalement j’arrive chez mon ami, et la famille est là. À nouveau des accolades. Je suis bien heureux de les retrouver. Leur maison a souffert (ils on perdu le deuxième étage), mais est encore là. On passe la fin de la journée à placoter et à regarder des photos. Je passe ensuite la nuit dans mon hammac.

2017 – Jour 3 – Palenque de Yateras – Baracoa devenu Palenque – Guantanamo

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Sachant qu’une longue journée de chemins rocailleux et boueux m’attendait, je me suis levé avant 6h pour prendre le chemin avec un soleil levant et avoir le temps de pal
lier à des imprévus en chemin. La « Via Mulata » qui relie Palenque à l’embouchure de la rivière Toa n’est pas sur toutes les cartes et ça promettait d’être spectaculaire.
Distance et dénivelé similaire à hier. Malheureusement, après un peu plus de 7kms, un homme se met en travers du chemin et me demande mes papiers. Il me dit que c’est u
ne zone surveillée et qu’il est interdit d’y passer. Il me demande de le suivre dans sa cabane m’intime de m’asseoir et appelle au central. Il me dit qu’il y a une loi d
e l’immigration qui interdit le passage. Étrange Cuba. Ensuite il me dit que je dois retourner à Palenque au poste de police pour un contrôle et que je devrais repartir
dans l’autre direction. Que lui va prendre un camion. Je lui dit que je veux monter dans le camion avec lui et nous retournons au village.

Au poste de police, se succèdent plusieurs personnes en uniforme, mon policier fait des appels à l’immigration, vérifie les photos que j’ai faites, et voit bien que rien
n’est anormal. Étonnament il ne me demande pas où j’ai dormi, mais s’informe pour savoir si j’avais ramassé une motte de terre. Finalement je crois qu’il s’est rendu co
mpte que je pouvais passer, mais pour ne pas perdre la face il m’a dit que Matthew avait fait trop de dégâts pour pouvoir passer et que c’était impossible. Plus aucune m
ention de l’immigration.

Bref, j’ai du modifier mes plans, et je suis reparti en direction de Guantanamo, en gravissant une montée bétonnée interminable. Je me suis vite trouvé une casa de touri
stes et j’ai pu me rappeler à quel point avoir une douche est un luxe dont on ne peut se passer. 😉

Je vais probablement aller en direction de Baracoa demain, mais l’idée de repasser par Moa pour rentrer ne m’enchante pas vraiment. Je me donne l’après midi pour décider
ce que je vais faire.

2017 – Jour 2 – Cayo Mambi – Palenque de Yateras

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Je sais que cette deuxième journée sera difficile. Au programme beaucoup de montées, et surtout la moitié du chemin sur des routes qui ne sont accessibles qu’en Jeep. Fidèle à moi-même, j’ai légèrement sous-estimé la difficulté.

Je pars d’abord le ventre vide jusqu’à Sagua à 10kms. Je cherche une cafétéria et je finis par trouver une vendeuse de sandwiches. J’en avale deux, je lui fais remplir mes gourdes, et je me dirige vers la route de Guantanamo. Dès le début, la route est en mauvais état et très rapidement les montées s’enchaînent. Aucun véhicule de tourisme ne me croise ou double, ce qui me met la puce à l’oreille et annonce le reste de la journée. La nature est incroyable de beauté. La forêt tropicale et les cultures alternent et rafraîchissent l’air. Et moi je monte. Je monte. À un moment quelqu’un me demande si je vais à Guantanamo, et quand je lui dis ma destination il devient incrédule. Je m’entête et je monte. Je monte. Après un bon moment, je finis par rejoindre l’intersection avec la route des crêtes. Un homme me vend un sandwiche et un refresco maison et je suis parti. Fini l’asphalte. Ça descend enfin, pendant quelques centaines de mètres avant de reprendre en montée. À Cuba, quand une montée est en ciment, tu sais que tu vas passer un mauvais quart d’heure. Je croise ensuite un homme à cheval. Il me demande où je vais et me dit qu’il n’y a pas de chemin. Il est encore tôt, alors je fais fi de ses conseils, et je monte. Je monte. Quand ça descend, on ne peut même pas en profiter tellement le chemin est défoncé.

Au bout d’une quinzaine de kms de vallons raides, j’arrive sur un plateau. Les gens que je croise ou à qui je demande de l’eau ne sont plus incrédules mais admiratifs. Le chemin serpente entre les butes, au milieu de la forêt. Le vent en haut (750m) est très fort et parfois me déstabilise mais je continue vaillament. Dans un des villages je cherche à manger et me fais servir une sorte de soupe pour laquelle il ne fallait pas avoir l’estomac fragile. Je l’ai avalée sans rechigner.

Finalement je suis arrivé à Palenque de Yateras. Palenque en cubain signifie à peu près : endroit lointain et difficile d’accès où les esclaves se cachaient. C’est un village où les faciès des gens rappellent leur origines indigènes. Les cubains les appellent même les « indios » comme ils disent les « mulatos » ou les « negros ».

Je passe la nuit dans une casa, probablement illégale, avec douche au gobelet pour faire changement et coupure d’électricité.

2017 – Jour 1 (ou 9) Holguin – Cayo Mambi

Photos ici!

Après avoir déposé Ariane à l’aéroport à bord d’une rutilante Peugeot 404, j’ai déambulé à la Noche Holguinera en observant le monde et en me rappelant nos souvenirs de voyage en famille en passant devant la machine à Barbapapa. Puisqu’il fallait que je décolle au lever du soleil, je n’y suis pas resté longtemps. Rentré à la casa, j’ai préparé mes sacoches pour être prêt. Le voyage cette année est un voyage ou je prévois explorer les coins un peu plus reculés. Sans asphalte, et sans touristes. Je veux aller dans les montagnes de la province de Guantanamo, celles qui ont été atteintes par l’ouragan Matthew cet automne. J’ai décidé d’y commencer mon ascension par la route etre Sagua de Tanamo et Guantanamo, donc cette première journée m’amènera jusqu’à Cayo Mambi, à 10 kms de Sagua.

Je connais bien cette route pour l’avoir prise plusieurs fois. On y a un souvenir familial à Caballeria, où, comme à beaucoup d’intersections de route, il y a quelques petites tiendas qui vendent des sandwiches ou de la bière. Le jour où nous y sommes allés en famille, il n’y avait plus de boissons sans alcool car le frigo était tombé en panne, mais il y avait plein de bières puisque le frigo des bières, bien qu’à moitié vide, lui fonctionnait. Une de ces abérations cubaines auxquelles il faut se faire.

La route est vallonnée jusqu’à la région de Cueto, puis on entre dans une vallée de production de canne à sucre. Quelques maisons au style Nouvelle Orléans nous rappellent les temps où l’industrie de la canne était aux mains des américains. On longe ensuite une retenue d’eau puis on arrive à Mayari. Petite ville au pieds des montagnes. Collation, remplissage des bouteilles, et je repars.

Immédiatement la luxuriance du paysage apparaît. Palmiers, bananiers et autres arbres tropicaux agrémentent le chemin. Un contraste frappant quand on sait à quel point les mines dont la canadienne Cherrit on détruit le paysage autour de Moa. Je roule à un bon rythme jusqu’à Cayo Mambi, achetant quelques mandarines en route.

Je me fais rapidement aborder par un gars qui me propose sa casa pour la nuit. Une maison sans eau courante, donc me revoilà avec une douche au gobelet. La soirée est courte. Je trouve une assiette de porc misérable et finis avec une barre de céréales.

Jour 14 – Retour à la réalité

cuba2016

C’est toujours un choc quand on rentre à l’aéroport après avoir passé deux semaines hors des sentiers battus. Ça me remue tellement que je n’en ai pas fait de photos. Au bout d’une allée bordée de palmiers se trouve le bâtiment. En face, des autobus de touristes facilement reconnaissables car ce sont les seuls autobus de luxe de l’île ont déjà déversé leur flot de gens rassasiés et grillés après une semaine aux petits soins dans ce paradis terrestre. Comme on est à Cuba, il n‘y a que deux comptoirs pour s’enregistrer et la queue est interminable.

C’est là que le français en moi, affublé du sobriquet de chialeux dont j’ai hérité par magie de mes compatriotes se bidonne bien. Les touristes se retrouvent soudain face à la réalité, même édulcorée, de la bureaucratie cubaine et deviennent les champions du monde de la critique et de l’arrogance. Difficile, après une semaine où tout le monde est à tes pieds, de trouver des toilettes puantes pour lesquelles il faut payer et qui n’ont pas de porte qui barre. Difficile de ne pas pouvoir faire ses courses au hors taxes parce que la carte de crédit n’est pas fonctionnelle aujourd’hui. Mañana la tarjeta. Difficile de devoir payer pour un hot dog sans saveur. Bref, un moment de divertissement doux amer qui force la réflexion sur la planète dans laquelle nous vivons.

Ce voyage de deux semaines dans la vie cubaine a été d’une intensité sans pareil. J’ai pu plonger dans une réalité dont une grande partie m’échappe encore. Je suis en admiration devant la façon dont les cubains luttent chaque jour pour remplir leur assiette, et celle des autres si quelqu’un vient à passer. Ces moments que j’ai partagé avec vous, et d’autres que je n’ai pas pu dévoiler ou que je n’ai pas pris le temps de raconter auront sans doute un impact important sur ma vie. Difficile dans leur peau de faire confiance à l’avenir. L’incertitude quant à la succession du régime, l’impossibilité d’envisager l’avenir de façon optimiste quand ils voient la lenteur des changements, la difficulté constante à obtenir des produits de première nécessité, l’imprévisibilité des forces de l’ordre.

Un endroit plein de mystères où nous avons la chance de ne pas être né.

Je voulais aussi remercier tous ceux qui m’ont suivi dans cette aventure et qui ont commenté mes publications. Je suis chanceux de vous avoir comme amis. Finalement, ceci ne serait pas possible sans la confiance et l’amour de ma chérie que je suis bien content de retrouver!

Je posterai peut-être d’autres anecdotes d’ici les prochains jours, mais le mieux serait de se voir pour en jaser. Rien ne vaut un bon vieux contact humain! (tous les chialeux français sont aussi invités à la maison).

Adios amigos!

Jour 12-13 – Holguin – Gibara – Playa la Herradura – Velazco – Holguin


La Playa la Herradura est un endroit à Cuba où il est étonnant qu’il n’y ait pas encore d’hôtel. C’est une plage prisée par les cubains, une petite baie sablonneuse avec la mer qui entre et sort dans le village au gré des marées. Un endroit d’une grande quiétude, à l’abri de la foule. Nous y étions allé l’an dernier et j’ai voulu y repasser.

Cependant afin de mettre un peu de piquant dans l’aventure, je suis passé par Gibara, puis j’ai longé la côte jusqu’à Playa Caletones. La route y est en corail concassé et tout se passe bien. J’ai croisé un pêcheur de requins qui tue ses proies au couteau, puis à Caletones un belge flamand installé là depuis quelques années.

C’est quand on repart vers le sud que ça se gâte. Le chemin devient de plus en plus boueux et finit par être quasiment impraticable pendant plusieurs kilomètres. Il débouche ensuite sur un village où visiblement les étrangers y sont étranges car jamais présents. Enfin, après quelques kilomètres on rejoint la route qui mène à La Herradura. Expérience difficile de boue et de solitude.

Passé un après midi relaxe à la Herradura, regardé un film sur mon téléphone, mangé comme un roi, et le lendemain retour tranquille jusqu’à Holguin pour préparer mon vélo.

Jour 10 – Moa – Holguin – 190kms dont 130 sous la pluie

Ce matin en me levant dans ma ville dortoir, il pleuvait des cordes. Inimaginable de rester là une journée de plus. Je suis donc parti sous la pluie avec en tête d’aller jusqu’à Holguin, près de 190kms plus loin. J’ai fait 130kms avant qu’elle arrête de tomber. Un long moment grisant léché par la douceur de la température et le bruit des pneus sur l’asphalte. Il faut cependant bien fermer la bouche particulièrement dans les descentes pour ne pas avaler de coliformes.

Cuba est tout de même un pays étrange. En route aujourd’hui je me suis arrêté à Cueto. J’aurais pris un refresco ou même une cerveza mais le frigo pour les boissons en cannettes était en panne donc rien de frais sauf de l’eau ou du jus car l’autre réfrigérateur, à moitié vide, lui fonctionnait. Dans n’importe quel pays ailleurs la serveuse se serait fait virer mais ici c’est simplement normal. Un des côtés désagréable du communisme ou l’efficacité n’est pas un critère.

 

Jour 9 – Baracoa – Moa / Mud Fest!

Aujourd´hui je me suis arrete a Moa. C´est mon velo qui m´a dit stop. Suis parti sous la pluie et les averses ont dure un bon moment. Apres 6 kilometres et pour les 40 kms suivants, le chemin devient une pìste de terre et de boue. J´ai des photos, mais impossible de les charger ici. Je me suis bien amuse, mais la mecanique a souffert. Il a vraiment fallu que je m´arrete pour entretenir le velo. J´ai aussi une sacoche qui montre des signes de faiblesse.

Moa est une ville miniere, on y produit du nickel. Le principal employeur de la ville est une co entreprise du gouvernement cubain et d´une compagnie canadienne dont je ne connais pas le nom. Quand je vois l´etat general de la ville, les conditions de vie des gens qui y vivent, j´ai pas mal honte d´etre canadien. Cette entreprise dont je trouverai le nom est indigne. Il n´y a pas de centre ville. Seulement des centaines d´immeubles delabres.

Demain je continue vers l´ouest, et je ne sais pas encore ou je vais m´arreter. Si j´ai une meilleure connexion, je vous mettrai des photos. La je suis dans un hotel sur un pc en 1024×768 avec Windows XP et un Kapersky version d´essai expire!

Jour 8 – San Antonio del Sur – Cajo Babo – Baracoa

De San Antonio del Sur à Baracoa, il faut monter la fameuse Farola. Une route de montagne qui serpente dans la forêt tropicale. Mais avant la Farola, il y a Cajo Babo. Un petit village où nous avions passé une nuit au Campismo l’an dernier et où nous avions fait connaissance de la famille de Jose l’an dernier. Le jeune avait emmené les enfants dans la campagne pour chercher du miel en enfumant les abeilles. Ils avaient aussi fait des concours pour monter aux cocotiers. De très bons souvenirs, alors il était impossible de passer à Cajo Babo sans s’y arrêter.

Tout de suite, ils m’ont servi un déjeûner et accueilli comme un membre de la famille. Daniel, le fils travaille maintenant comme boulanger stagiaire. Il gagne un gros 90 pesos cubains par mois (environ 4$) et aura un salaire de 300 pesos à la fin de son stage. Il prépare 2000 pains tous les jours. C’est un gamin vraiment vivant et intéressant qui mériterait mieux.

Après m’être restauré, j’ai quitté la famille pour faire l’ascension. C’était plus facile que prévu. Je me suis arrêté à de nombreux endroits, et particulièrement dans les virages de la montée où se trouvent des vendeurs de chocolat, pâte de coco, et autres babioles. Toujours intéressant de discuter avec eux. Je me suis encore fait offrir une chica. On ne sait jamais si en montant en sueur, j’avais subitement un besoin pressant!

La descente vers Baracoa est progressive et n’offre même pas l’adrénaline des routes de montagne. L’asphalte y est de bonne qualité, mais il n’y a pas de pente assez marquée pour s’amuser.

Enfin arrive la ville. Ville décrite dans tous les livres pour touristes comme une ville touristique cachée et oubliée par la plupart des étrangers. C’est faux. Cette ville regorge d’étrangers et les cubains qui y vivent profitent de la manne.

Le Malecon mériterait de recevoir un peu d’amour par contre…

PS : Si vous voulez manger à Baracoa en monnaie nationale il faut sortir de la ville vers le sud. 200m après le pont, sur la droite, il y a un petit restaurant qui ne paye pas de mine.

Jour 7 – Santiago – Guantanamo – San Antonio del Sur

Décidément le voyage solitaire offre des opportunités surprenantes. L’autre jour, entre Puerto Padre et Las Tunas un camionneur c’était mis en arrière de moi en klaxonnant pour finalement me proposer de monter avec lui à cause de la chaleur. Aujourd’hui entre Santiago et Guantanamo, sur l’autoroute, un gars en moto s’approche et me dis de lui prendre l’épaule pour me tirer. Le vent de face aidant j’ai accepté cette petite aide et fait une dizaine de kilomètres sans efforts. Finalement on s’arrête et on jase. Il habite 60 kms après Guantanamo et me propose de m’énerver ce soir. Comment refuser? Ça va en plus me permettre d’arriver un jour plus à Baracoa.

Me voilà à San Antonio del sur. Mon nouvel ami n’est pas encore arrivé chez lui et je me suis auto-présenté aux trois femmes qui habitent la maison avec la grand mère et 3 enfants en bas âge. C’est très étrange d’être là au milieu.
Je me suis assuré que ça n’était pas un problème que je dorme chez eux et elles m’ont assuré que non. Après avoir attendu une heure en vêtements j’ai demandé où je pouvais me changer. Sa femme m’a emmené à une chambre en traversant le poulailler. Je crois que c’est la chambre des maîtres et je crois qu’ils vont me la laisser. Pas de fenêtres fermable bien sûr et l’odeur de fiante assez intense.
Ils m’ont demandé si je voulais me laver et je me suis retrouvé dans un bac en béton avec un seau plein d’eau froide et un pot en plastique pour m’arroser. On n’imagine pas à quel point on est malhabile à se laver avec seulement quelques litres difficiles à répartir. Je me suis débrouillé quand même.
J’ai sorti mon ordinateur et collé les enfants devant. On attends l’homme de la famille qui arrivera vers 19h30.
Je comprendrais plus tard qu’il y avait deux hommes de la famille. Celui qui m’a invité et son cousin, moins ravi de ma présence qui pourrait leur causer des ennuis. Habitent aussi là leurs épouses respectives et la grand mère. Chaque famille à sa chambre et c’est la grande mère qui me cède finalement la sienne. Ils me mettent aussi une moustiquaire au dessus du lit pour avoir du confort. Tout est au mieux de ce qu’ils peuvent offrir.
Pour le repas ils y avait 2 pilons pour 4 personnes et les spaghettis qu’ils ont obtenu avec leur carnet de ration mensuel. On a mangé, regardé les nouvelles à la télé gouvernementale et on s’est couché. Ce matin pour déjeuner au lever du jour : un café.

Ces gens ont fait ce qu’ils ont pu avec rien ou presque. C’est ça l’humanité des cubains.

Jour 6 – Santiago de Cuba – Repos

Je suis toujours fasciné par la façon dont les cubains envisagent le sexe. Il semble qu’ici ça fasse partie intégrante du quotidien. Tout le monde en parle sans tabous, même le vieux de 67 ans chez qui je loge à Santiago où j’ai décidé de passer deux nuits. Ici le sexe c’est la vie, et pour beaucoup de cubains et de cubaines c’est aussi une opportunité pour obtenir quelques dollars et parfois trouver quelqu’un qui va les soutenir financièrement et/ou les épouser pour finalement avoir le passeport qui leur permettrait de quitter le pays.

Ne m’étant fait ouvertement draguer par un cubain qu’une seule fois, un épisode mémorable, il y a deux ans à Sancti Spiritus, je ne peux que parler des cubaines. Elles t’abordent sans complexe, te parlent d’amour et te proposent bien assez vite de passer un moment avec elles, parce qu' »une fois que tu as goûté à l’amour d’une cubaine tu ne veux plus jamais autre chose ». Il y a les professionnelles qui ne font que ça et qui sont sans intérêt, mais il y a aussi celles qui vont tenter plus timidement d’avoir mieux qu’un petit coup et quelques dollars. Même quand on leur dit qu’on est pas intéressé par du « sexo » elles font preuve d’une confiance inébranlable et sont certaines qu’elles arriveront quand même à te convaincre et obtenir ce qu’elles veulent. Pour la première fois hier, j’ai rencontré une cubaine qui a accepté l’idée qu’il fallait être mon amie seulement. Elle m’a servi de guide aujourd’hui et nous sommes allés nous promener en bateau dans la baie de Santiago.

Nous avons d’abord pris un camion de transport en commun qui nous a amené à un espèce de traversier. De là nous sommes allés sur une île en avons fait le tour et nous sommes revenus à Santiago. On a parlé de tout et de rien. Elle est vendeuse de vêtements, gagne assez pour avoir une vie confortable je crois, même s’il est toujours difficile de démêler les perceptions dans ce pays mystérieux. C’était agréable et sans pression.

En fin d’après midi, en rentrant, elle s’est arrêté pour faire quelques courses. En guise de remerciement, je lui ai payé son poulet.

Une fois à la casa, après avoir ouvert la serrure du bas, deux barrières cadenassées et la serrure de l’appartement pour entrer, j’ai changé mes pneus pour faire la route jusqu’à Baracoa. Demain je m’arrête à Guantanamo.

Jour 5 – La Mula – Santiago de Cuba

S’arrêter au Campismo à la Mula, c’est être prêt à ne rien faire pendant le temps qu’il reste. La plage est tout à fait ordinaire avec de gros galets. Aucune animation. Un restaurant pour touristes, seulement moi, et un restaurant pour cubains qui n’étaient que les deux afro-cubaines d’une soixantaine d’années qui ne faisaient qu’implorer dieu avec qui j’ai parlé un moment.
Un repas le soir plus que sommaire est dénué de saveur, mais délicieux par rapport à ce qui m’a servi de déjeûner. Une galette qui avait peut-être été un oeuf, 5 bouts de pains ridicules et 5 crottes de fromage. Pas de quoi se lécher les babines.
Au réveil, le vent soufflait dans les arbres me faisant craindre une journée plutôt difficile. Le ciel était gris et le soleil se laissait tout de même deviner sur la mer
. Il devait se lever un peu plus tard avant d’être remplacé par des ondées qui n’ont pas dûré très longtemps. Mais vélo et pluie à Cuba on vite fait de transformer le cycliste sans garde-boue en bouse ambulante.
La route est à La Mula encore une piste pendant une dizaine de kilomètres. Ensuite, sur une courte distance, la terre était enduite de goudron liquide, qui collait au pneus et giclait partout, avant d’être finalement remplacé par un bitume lisse, jusqu’à Santiago.
Le paysage est moins intéressant que dans la première partie de la côte sud, même si le littoral reste spectaculaire. La circulation augmente au fur et à mesure qu’on approche de la métropole, et la montagne se fait plus discrète.
Dix kilomètres avant d’arriver, le trafic se fait plus intense. Les odeurs de gasoil rendent la progression un peu moins agréable, puis s’ajoutent les raffineries. Mais bon arriver dans une grande ville après 120 kilomètres a toujours quelque chose d’enlevant.
Et Santiago a quelque chose que les autres villes n’ont pas, mais il faut y venir pour le sentir.

Jour 4 – Pilon – Las Cuevas – Campismo La Mula

Quand le temps suspend son cours.

Faire la route à l’est de Pilon, au sud de la Sierra Maestra est une des expérience les plus inusitées que j’aurais eu l’occasion de vivre. Parti tôt avec comme objectif d’arriver à Chivirico, la ville à mi-chemin jusqu’à Santiago, notamment pour avoir accès à la toile, je suis parti face au soleil levant, les enfants rejoignant leurs écoles. Bien rapidement, je suis sorti de la petite ville. La surface de la route est devenue inégale et la circulation a réduit. Après quelques coups de pédale, me voilà à Punta Piedra d’où j’ai posté la vidéo incroyable des gamins. Aussitôt transféré, je suis reparti malgré un bug sur un de mes serveurs qui me balance des courriels toutes les minutes.

La route descend lentement, la mer se dessine sur la droite. On passe l’entrée vers le dernier hôtel de Marea del Portillo, et continue encore quelques kilomètres. Puis cet embranchement où la logique te dit d’aller à gauche, mais où il faut partir à droite. Dès lors, on roule avec les mangroves à droite dans une section ombragée et douce. La qualité de l’accotement est meilleure que celle de la chaussée. Bonne idée d’avoir changé de pneus. À partir de ce moment là, seuls 5 véhicules croiseront ma route jusqu’à ce que j’arrête.

La mer et la montagne déploient leur beauté incroyable. La route, qui probablement fut un jour très belle a clairement perdu le combat contre la force de la nature. Les montées et le descentes se succèdent quand la falaise a été trop abrupte pour se laisser dompter et la qualité du bitume est variable. Sans doute qu’on pourrait passer avec un pneu de 23, mais ce serait inconfortable. Je suis saisi par le paysage, et plus j’avance, plus je ralentis et plus je rentre dans un mode contemplatif. La nature. Sauvage. Belle. Magique. Impossible de passer dans ses paysages la tête dans le guidon.

Au détour d’un village, je m’arrête pour demander de l’eau. On m’offre du café. Un vendeur de tomates m’interpelle. Au milieu de nulle part, la vie est suspendue au temps qui n’est pas pressé. Je me rends à l’évidence. Il faut que je prenne le temps. Je m’arrête donc en chemin au campismo La Mula. J’ai un petit bungalow sous les arbres, un ventilateur qui devrait marcher ce soir quand l’électricité sera allumée et deux lits. Un confort rustique mais suffisant.

Loin du cellulaire et de l’internet. Loin du tumulte de la vie moderne, mais tellement bien.