2017 – Jour 9 – Mayari – Guardalavaca – Holguin

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Depuis que l’allemand m’avait parlé de langouste j’étais tiraillé par l’idée d’en déguster une. Mais à Cuba, comme tout est commerce de proximité, il faut être au bord de la mer pour trouver des langoustes. J’ai donc décidé de me rallonger de 50kms pour y goûter. Je pars tôt, comme d’habitude et je roule en direction de Banes. La route est d’abord très belle puis se dégrade pour avoir quelques passages en terre. Puis près de Banes, les collines commencent, jusqu’à la mer. Je croise un cycliste cubain et échange quelques minutes avec lui, puis j’arrive à la mer. Je trouve facilement un paladar qui cuisine le fameux crustacé. Après avoir englouti la bête je repars et suis le bord de mer. Je tombe alors sur German, mon ami taxi avec qui nous avions traversé pour la première fois l’île. Nous discutons un bon moment. Je lui raconte mon périple, il me parle de son auto. Enfin je reprends la route où je rejoins Holguin.

2017 – Jour 8 – Guantanamo – Mayari

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Originalement, je voulais passer par Mayari Arriba (en haut des crêtes), et descendre par un chemin de terre jusqu’à Mayari. Cependant sachant que ça traverse une zone semi-militaire, j’ai préféré afin de ne pas me retrouver à devoir rebrousser chemin, passer par la route habituelle. Les informations que j’avais étaient qu’il y avait de la montée, mais j’ai été surpris par environ 25-30 kms de chemin de terre. De plus, ma mamie de Guantanamo m’avait mis ma bouteille à congeler, et elle était percée. Quand je m’en suis rendu compte il était trop tard, j’ai donc traversé toutes les montagnes sur une petite bouteille d’eau, en économisant entre chaque possibilité de la remplir. Le soleil s’est ensuite mis de la partie, mais comme ils disent « Con calma llega » (lentement on arrive), j’ai rejoint Mayari le soir et trouvé une casa tenue par deux docteurs dont les signes de richesse étaient assez évidents. Rien de palpitant en chemin en dehors d’un arrêt impromptu chez quelqu’un pour lui demander quelque chose à manger et une visite de sa plantation de bananes et de café.

2017 – Jour 7 – Retour à Guantanamo

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J’ai hésité longtemps avant de décider si je rentrais par la route du sud ou si je repassais par Moa comme l’an dernier. La route vers Moa est belle pendant une vingtaine de kilomètres où alternent asphalte détruit et chemin boueux, mais traverse ensuite une zone aride presque désertique et le chemin est cahoteux. Je préférais donc refaire un peu de montagne en remontant la Farola et retourner voir la mamie qui tient la casa où je logeait à Guantanamo. Une sacré femme avec un caractère bien latin qui me rappelait parfois les amis de ma grand-mère. Voilà donc une étape un peu longue, mais avec des conditions de route parfaites. En montant je remplis mes bouteilles dans les source, puis dans la descente un peu après Alto de Cotilla, voilà que je vois un homme avec un grand chapeau de paille poussant son vélo. C’était mon allemand qui s’en allait vers Baracoa après avoir passé une nuit chez mon ami Jose. Il me raconte qu’il a aussi passé du temps au village et qu’il y a laissé du linge de des pesos, se sentant un peu désemparé devant la situation des villageois. Je reprends ensuite la route et je roule rondement, le vent dans le dos jusqu’à Guantanamo, non sans m’arrêter prendre un verre et me faire draguer avant de quitter le littoral. Je rejoins facilement Guantanamo.

2017 – Jour 6 – Déambulation autour de Baracoa

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Baracoa elle même a été plutôt bien reconstruite suite au passage de Matthew. Quelqu’un qui ne saurait pas que c’est arrivé ne pourrait se douter de rien. Quelques ruines ornent bien sûr le Malecon, mais on trouve des ruines dans toutes les villes cubaines, donc ça ne semble pas vraiment anormal. J’ai voulu aller jusqu’au Rio Toa, celui qui sortant de son lit a emporté le seul pont qui permette d’aller vers l’Ouest jusqu’à Moa. La végétation est (était) luxuriante. Je sors tranquillement de la ville en passant devant la fabrica de chocolate Che Guevara puis me promène. Après quelques dizaines de minutes, j’arrive finalement au Toa. Le pont n’est plus là bien sûr, mais ils ont construit un oassage bétonné qui permet de traverser sans difficultés et sans se mouiller les pieds. Je traverse la rivière et rejoins le village sur l’autre rive. C’est la sortie de l’école. Je m’asseois dans une de ces cabanes qui servent à attendre un transport et suis rapidement rejoint par des écoliers d’une dizaine d’années.
« Where are you from » me demande un garçon. J’entre dans son jeu et lui réponds en anglais. Évidemment, il ne comprend pas, mais une gamine elle comprend et enchaîne avec un « What is your name ». Rapidement nous passons à l’espagnol et ils me demandent de leur parler de mon pays. Il me demandent si ma maison est grande, si j’ai une douche. Je leur montre des photos du Québec, puis de la neige. À ce moment la gamine m’interroge et veut savoir comment c’est la neige quand elle tombe. J’essaye de lui expliquer, amusé par la question. Elle demande ensuite si on se déplace en traineau comme le père noel.

Après quelques dizaines de minutes, je repars en direction de Baracoa, et prends un petit chemin sur la gauche qui m’amène à la plage. Une belle plage de sable noir ou il n’y a que moi. Immédiatement une gamine arrive pour tenter de me vendre des choses. Elle parle un espagnol clair, lentement pour s’assurer que je comprenne. Elle finit par faire sa vente. Je me baigne, puis vais jusqu’à la rivière prochaine (Duaba) en passant devant des maisons complètement détruites. Au bord de l’eau, deux femmes sont en train de laver leur linge et de l’étendre au soleil. Moi j’en profite pour nettoyer rapidement ma monture. Je retourne sur mes pas, et quand j’arrive à la maison de la fillette, ses parents sont là. Ils me saluent, et me racontent que leur maison était un peu plus loin, dans le marais. Elle a été détruite, et après les larmes, ils se reprennent ici, dans une maison plus grande et somme toute coquette, même si elle est en bois. Ils ont 5 enfants et me disent de passer les voir si je reviens.

2017 – Jour 5 – Camion jusqu’à La Machina puis Maisi – Baracoa

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En étant refoulé à Palenque, mes plans ont été pour le moins chamboulés. Je voulais à l’origine faire l’itinéraire actuel dans la direction inverse et je n’avais pas vraiment envie de repasser à Moa. Force est de croire que je vais y être contraint, mais bon. Aujourd’hui mon périple m’a amené dans la zone la plus orientale de l’île, celle décimée par l’ouragan Matthew en Octobre. On m’a offert un transport en camion jusqu’à La Machina dont j’ai profité évitant ainsi certaines côtes vertigineuses, et me permettant d’arriver un jour plus tôt à Baracoa. La route en état moyen serpente de montées en descentes vertigineuses au milieu de palmiers dévastés. L’ouragan a fait ici ce que les compagnies forestières font en cachette chez nous. Un sentiment étrange m’a habité toute la journée. Une certaine compassion pour ces gens qui ont perdu pour la plupart leurs toits (remplacés par ailleurs en presque totalité par le gouvernement) et l’impuissance de n’être que témoin devant cette catastrophe.

Suite au passage de l’ouragan, le gouvernement a décidé d’investir dans la région pour en développer le potentiel touristique. Ils ont construit un campismo près du phare et sont en train de refaire une partie de la route entre Baracoa et Maisi pour supprimer un passage d’une pente inchiffrable, mais impossible à monter en vélo (je l’ai descendue). C’est plutôt une bonne nouvelle pour la région qui va avoir besoin de quelques années pour se remettre debout.

J’aurais dû être à Guantanamo ce soir au lieu de Baracoa pour prendre une pause. Je vais la prendre ici, même si Baracoa est une ville très touristique et où l’authenticité cubaine cède le pas à la possibilité de m’extirper quelques pesos. J’ai besoin de me reposer avant de repartir.

2017 – Jour 4 – Guantanamo – Cajo Babo

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Première journée de contact avec les dégâts de l’ouragan, cette journée de seulement 100km je la prends tranquillement. En sortant de Guantanamo je croise de nombreuses personnes en vélo avec d’immenses sacs d’herbe qui retournent vers la ville. J’en croque deux et je continue mon chemin. Cette route à l’asphalte parfait longe la côte. Je roule jusqu’à San Antonio del Sur où je retourne voir mon ami Javier. De grandes accolades, de la joie. Toute la famille est contente de revoir le Yuma. Aussitôt arrivé, on me sert un potage avec du riz, sans même me demander si j’ai faim. L’accueil cubain dans sa splendeur. Je sors du chocolat et on passe un bon moment ensemble. Il me dit que je dois revenir avec Ariane et qu’on tuera un porcinet pour le manger rôti, et il insiste! Je reprends la route en direction de Cajo Babo, là où l’oeil du cyclone est passé. Je suis toujours dans l’attente de voir l’état de la maison de mon ami, qui est à seulement 100 mètres de la plage. Sur les bords de la route, les palmiers sont déracinés, au croisement des rivières, on voit tout ce que l’ouragan a déversé et qui est descendu de la montagne. Finalement j’arrive chez mon ami, et la famille est là. À nouveau des accolades. Je suis bien heureux de les retrouver. Leur maison a souffert (ils on perdu le deuxième étage), mais est encore là. On passe la fin de la journée à placoter et à regarder des photos. Je passe ensuite la nuit dans mon hammac.

2017 – Jour 3 – Palenque de Yateras – Baracoa devenu Palenque – Guantanamo

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Sachant qu’une longue journée de chemins rocailleux et boueux m’attendait, je me suis levé avant 6h pour prendre le chemin avec un soleil levant et avoir le temps de pal
lier à des imprévus en chemin. La « Via Mulata » qui relie Palenque à l’embouchure de la rivière Toa n’est pas sur toutes les cartes et ça promettait d’être spectaculaire.
Distance et dénivelé similaire à hier. Malheureusement, après un peu plus de 7kms, un homme se met en travers du chemin et me demande mes papiers. Il me dit que c’est u
ne zone surveillée et qu’il est interdit d’y passer. Il me demande de le suivre dans sa cabane m’intime de m’asseoir et appelle au central. Il me dit qu’il y a une loi d
e l’immigration qui interdit le passage. Étrange Cuba. Ensuite il me dit que je dois retourner à Palenque au poste de police pour un contrôle et que je devrais repartir
dans l’autre direction. Que lui va prendre un camion. Je lui dit que je veux monter dans le camion avec lui et nous retournons au village.

Au poste de police, se succèdent plusieurs personnes en uniforme, mon policier fait des appels à l’immigration, vérifie les photos que j’ai faites, et voit bien que rien
n’est anormal. Étonnament il ne me demande pas où j’ai dormi, mais s’informe pour savoir si j’avais ramassé une motte de terre. Finalement je crois qu’il s’est rendu co
mpte que je pouvais passer, mais pour ne pas perdre la face il m’a dit que Matthew avait fait trop de dégâts pour pouvoir passer et que c’était impossible. Plus aucune m
ention de l’immigration.

Bref, j’ai du modifier mes plans, et je suis reparti en direction de Guantanamo, en gravissant une montée bétonnée interminable. Je me suis vite trouvé une casa de touri
stes et j’ai pu me rappeler à quel point avoir une douche est un luxe dont on ne peut se passer. 😉

Je vais probablement aller en direction de Baracoa demain, mais l’idée de repasser par Moa pour rentrer ne m’enchante pas vraiment. Je me donne l’après midi pour décider
ce que je vais faire.

2017 – Jour 2 – Cayo Mambi – Palenque de Yateras

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Je sais que cette deuxième journée sera difficile. Au programme beaucoup de montées, et surtout la moitié du chemin sur des routes qui ne sont accessibles qu’en Jeep. Fidèle à moi-même, j’ai légèrement sous-estimé la difficulté.

Je pars d’abord le ventre vide jusqu’à Sagua à 10kms. Je cherche une cafétéria et je finis par trouver une vendeuse de sandwiches. J’en avale deux, je lui fais remplir mes gourdes, et je me dirige vers la route de Guantanamo. Dès le début, la route est en mauvais état et très rapidement les montées s’enchaînent. Aucun véhicule de tourisme ne me croise ou double, ce qui me met la puce à l’oreille et annonce le reste de la journée. La nature est incroyable de beauté. La forêt tropicale et les cultures alternent et rafraîchissent l’air. Et moi je monte. Je monte. À un moment quelqu’un me demande si je vais à Guantanamo, et quand je lui dis ma destination il devient incrédule. Je m’entête et je monte. Je monte. Après un bon moment, je finis par rejoindre l’intersection avec la route des crêtes. Un homme me vend un sandwiche et un refresco maison et je suis parti. Fini l’asphalte. Ça descend enfin, pendant quelques centaines de mètres avant de reprendre en montée. À Cuba, quand une montée est en ciment, tu sais que tu vas passer un mauvais quart d’heure. Je croise ensuite un homme à cheval. Il me demande où je vais et me dit qu’il n’y a pas de chemin. Il est encore tôt, alors je fais fi de ses conseils, et je monte. Je monte. Quand ça descend, on ne peut même pas en profiter tellement le chemin est défoncé.

Au bout d’une quinzaine de kms de vallons raides, j’arrive sur un plateau. Les gens que je croise ou à qui je demande de l’eau ne sont plus incrédules mais admiratifs. Le chemin serpente entre les butes, au milieu de la forêt. Le vent en haut (750m) est très fort et parfois me déstabilise mais je continue vaillament. Dans un des villages je cherche à manger et me fais servir une sorte de soupe pour laquelle il ne fallait pas avoir l’estomac fragile. Je l’ai avalée sans rechigner.

Finalement je suis arrivé à Palenque de Yateras. Palenque en cubain signifie à peu près : endroit lointain et difficile d’accès où les esclaves se cachaient. C’est un village où les faciès des gens rappellent leur origines indigènes. Les cubains les appellent même les « indios » comme ils disent les « mulatos » ou les « negros ».

Je passe la nuit dans une casa, probablement illégale, avec douche au gobelet pour faire changement et coupure d’électricité.

2017 – Jour 1 (ou 9) Holguin – Cayo Mambi

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Après avoir déposé Ariane à l’aéroport à bord d’une rutilante Peugeot 404, j’ai déambulé à la Noche Holguinera en observant le monde et en me rappelant nos souvenirs de voyage en famille en passant devant la machine à Barbapapa. Puisqu’il fallait que je décolle au lever du soleil, je n’y suis pas resté longtemps. Rentré à la casa, j’ai préparé mes sacoches pour être prêt. Le voyage cette année est un voyage ou je prévois explorer les coins un peu plus reculés. Sans asphalte, et sans touristes. Je veux aller dans les montagnes de la province de Guantanamo, celles qui ont été atteintes par l’ouragan Matthew cet automne. J’ai décidé d’y commencer mon ascension par la route etre Sagua de Tanamo et Guantanamo, donc cette première journée m’amènera jusqu’à Cayo Mambi, à 10 kms de Sagua.

Je connais bien cette route pour l’avoir prise plusieurs fois. On y a un souvenir familial à Caballeria, où, comme à beaucoup d’intersections de route, il y a quelques petites tiendas qui vendent des sandwiches ou de la bière. Le jour où nous y sommes allés en famille, il n’y avait plus de boissons sans alcool car le frigo était tombé en panne, mais il y avait plein de bières puisque le frigo des bières, bien qu’à moitié vide, lui fonctionnait. Une de ces abérations cubaines auxquelles il faut se faire.

La route est vallonnée jusqu’à la région de Cueto, puis on entre dans une vallée de production de canne à sucre. Quelques maisons au style Nouvelle Orléans nous rappellent les temps où l’industrie de la canne était aux mains des américains. On longe ensuite une retenue d’eau puis on arrive à Mayari. Petite ville au pieds des montagnes. Collation, remplissage des bouteilles, et je repars.

Immédiatement la luxuriance du paysage apparaît. Palmiers, bananiers et autres arbres tropicaux agrémentent le chemin. Un contraste frappant quand on sait à quel point les mines dont la canadienne Cherrit on détruit le paysage autour de Moa. Je roule à un bon rythme jusqu’à Cayo Mambi, achetant quelques mandarines en route.

Je me fais rapidement aborder par un gars qui me propose sa casa pour la nuit. Une maison sans eau courante, donc me revoilà avec une douche au gobelet. La soirée est courte. Je trouve une assiette de porc misérable et finis avec une barre de céréales.