Décidément le voyage solitaire offre des opportunités surprenantes. L’autre jour, entre Puerto Padre et Las Tunas un camionneur c’était mis en arrière de moi en klaxonnant pour finalement me proposer de monter avec lui à cause de la chaleur. Aujourd’hui entre Santiago et Guantanamo, sur l’autoroute, un gars en moto s’approche et me dis de lui prendre l’épaule pour me tirer. Le vent de face aidant j’ai accepté cette petite aide et fait une dizaine de kilomètres sans efforts. Finalement on s’arrête et on jase. Il habite 60 kms après Guantanamo et me propose de m’énerver ce soir. Comment refuser? Ça va en plus me permettre d’arriver un jour plus à Baracoa.
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Me voilà à San Antonio del sur. Mon nouvel ami n’est pas encore arrivé chez lui et je me suis auto-présenté aux trois femmes qui habitent la maison avec la grand mère et 3 enfants en bas âge. C’est très étrange d’être là au milieu.
Je me suis assuré que ça n’était pas un problème que je dorme chez eux et elles m’ont assuré que non. Après avoir attendu une heure en vêtements j’ai demandé où je pouvais me changer. Sa femme m’a emmené à une chambre en traversant le poulailler. Je crois que c’est la chambre des maîtres et je crois qu’ils vont me la laisser. Pas de fenêtres fermable bien sûr et l’odeur de fiante assez intense.
Ils m’ont demandé si je voulais me laver et je me suis retrouvé dans un bac en béton avec un seau plein d’eau froide et un pot en plastique pour m’arroser. On n’imagine pas à quel point on est malhabile à se laver avec seulement quelques litres difficiles à répartir. Je me suis débrouillé quand même.
J’ai sorti mon ordinateur et collé les enfants devant. On attends l’homme de la famille qui arrivera vers 19h30.
Je comprendrais plus tard qu’il y avait deux hommes de la famille. Celui qui m’a invité et son cousin, moins ravi de ma présence qui pourrait leur causer des ennuis. Habitent aussi là leurs épouses respectives et la grand mère. Chaque famille à sa chambre et c’est la grande mère qui me cède finalement la sienne. Ils me mettent aussi une moustiquaire au dessus du lit pour avoir du confort. Tout est au mieux de ce qu’ils peuvent offrir.
Pour le repas ils y avait 2 pilons pour 4 personnes et les spaghettis qu’ils ont obtenu avec leur carnet de ration mensuel. On a mangé, regardé les nouvelles à la télé gouvernementale et on s’est couché. Ce matin pour déjeuner au lever du jour : un café.
Ces gens ont fait ce qu’ils ont pu avec rien ou presque. C’est ça l’humanité des cubains.