Jour 2 – Las Tunas – Manzanillo

Je sors de Las Tunas avant que le soleil ne commence à plomber. À 7h30, je suis déjà sur mon vélo. Petit passage de vérification au Wifi, conscience professionnelle oblige, et me voilà roulant directions Sud Ouest. Le soleil est si bas et l’asphalte tellement astiqué par les sabots des chevaux que la chaussée fait un miroir. C’est l’heure à laquelle les parents emmènent leurs enfants à l’école. Et bien sûr, le moyen de prédilection pour déposer sa progéniture est le vélo. Les gamins sont tous vêtus de rouge et blanc, tantôt assis sur le porte bagage, tantôt sur la barre du cadre, parfois un rejeton à l’avant et un autre à l’arrière. Une scène amusante que dans mon empressement de ne pas brûler au soleil je n’ai pas croquée. Dommage.

La route en tant que telle n’avait pas grand chose de palpitant. De longues lignes droite, une qualité similaire aux rangs du Québec, peu de circulation. À droite des champs de canne à sucre. À gauche, des champs de canne à sucre. Le soleil se levant c’était quand même très agréable, et les arbres sur le côté faisaient une ombre déjà appréciée malgré l’heure matinale. À un moment, un tracteur transportant des passagers dans sa remorque s’est mis devant moi me coupant le léger vent. Je l’ai suivi pendant longtemps, ce qui m’a permis d’augmenter ma moyenne et réduire mon effort.

Après environ 60 kilomètres j’ai pris à gauche en direction de Manzanillo. Une petite route cahoteuse avec des panneaux pour signaler les nids d’autruche. Toujours des cannes à sucre, mais comme elle longeait le canal d’irrigation, il y avait une partie ombragée. J’ai roulé, tranquillement sous le soleil de plomb. À un moment, j’ai doublé un papi en vélo. Son vélo grinçait comme une vieille girouette. Je lui ai offert de l’huile, mais c’était simplement inutile. Sa chaîne complètement distendue craquait et rongeait son pédalier. Il avait un besoin urgent d’une nouvelle chaine, mais il n’en avait clairement pas les moyens. Je l’ai attendu et j’ai fait un bout de route avec lui. Il était allé chercher du riz. Il a vite fait de me dire que le vélo c’était sa vie. Qu’il en avait besoin pour se déplacer, et m’a même demandé quel était mon braquet, calculant la vitesse maximum qu’il pensait que je pourrais atteindre.

Nous avons fait un bout ensemble, puis il s’est arrêté chez une de ses cousines, m’a présenté. Sitôt entré dans leur maison, ils m’ont offert un grand verre d’eau froide que je me suis risqué à boire, et bien sûr le légendaire café dont ils m’ont révélé un secret. On a jasé de ci, de cà, du Venezuela, de l’immigration etc. On est ensuite reparti, et Miguel voulait m’emmener à la maison d’un amigo pour passer la nuit. Une casa illégale, que le gars m’aurait bien loué probablement pour pas grand chose, mais il y avait une culture de champignons et l’humidité ambiante m’ont fait rebrousser chemin. J’ai donc trouvé une casa, pour 20$ avec le déjeuner. Plutôt jolie dans Manzanillo que je vais aller visiter.

Miguel, qui m’a amené à la casa n’a même pas osé demander sa commission. Alors, je lui ai donné 100 pesos et je lui ai dit d’aller s’acheter une chaîne, avant que son vélo ne soit foutu. Il m’a donné une accolade et m’a dit « Te quiero ». Je lui ai promis de lui envoyer une photo, à mon retour.

Pas grand chose à dire sur Manzanillo. Je l’ai sillonnée de long en large sur mon vélo pendant l’après midi. Un malecon comme toutes les villes cubaines en bord de mer, une gare de train déserte probablement parce que c’est le terminus, une zone piétone centrale avec quelques commerces peu invitants, et des rues vides avec des maisons sans étage, sans doute pour résister aux vents quand ils s’enragent. Une ville de pêcheurs tout à fait ordinaire et sans touristes, qui sont tous à quelques kilomètres dans les hôtels.

La seule anecdote amusante de la journée a été avec trois gamins. La ville est sur plusieurs butes et je montais l’une d’elle quand je les ai croisés. Ils jouaient à tirer les oiseaux avec des lance-pierre. L’un d’entre eux me lance « where are you from » avec l’inimitables accent cubain. Habituellement, je ne réponds plus, mais là ils étaient rigolos. Alors je m’arrête et leur dit en espagnol que je viens du Canada et que je parle leur lange. Le petit gars me dit du tac au tac « Lleva me contigo », ce qui fait bien rire tout le monde. Alors je lui explique qu’il fait froid chez nous, et sans manquer de répartie il renchérit en disant qu’il s’habillera. Puis dans la foulée, il appelle sa mère qui sort de la maison d’à côté et lui dit « Mama ven a conocer a mi nuevo tio! ». Franche rigolade.

Ensuite, je suis rentré à la casa, j’ai pris la carriole qui sert de transport en commun et je suis allé manger dans le restau recommandé par Trip Advisor. Succulent, mais plus cher qu’annoncé. Mais bon, je me suis mis des crevettes en sauce plein la panse, et même si ça ne contient pas beaucoup d’énergie ça devrait me permettre d’avaler les quelques kilomètres de demain.

Las Tunas - Manzanillo

Cycling Las Tunas - Manzanillo en vélo.
Canaux d'irrigation entre Cauto et Manzanillo

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