Quand le temps suspend son cours.
Faire la route à l’est de Pilon, au sud de la Sierra Maestra est une des expérience les plus inusitées que j’aurais eu l’occasion de vivre. Parti tôt avec comme objectif d’arriver à Chivirico, la ville à mi-chemin jusqu’à Santiago, notamment pour avoir accès à la toile, je suis parti face au soleil levant, les enfants rejoignant leurs écoles. Bien rapidement, je suis sorti de la petite ville. La surface de la route est devenue inégale et la circulation a réduit. Après quelques coups de pédale, me voilà à Punta Piedra d’où j’ai posté la vidéo incroyable des gamins. Aussitôt transféré, je suis reparti malgré un bug sur un de mes serveurs qui me balance des courriels toutes les minutes.
La route descend lentement, la mer se dessine sur la droite. On passe l’entrée vers le dernier hôtel de Marea del Portillo, et continue encore quelques kilomètres. Puis cet embranchement où la logique te dit d’aller à gauche, mais où il faut partir à droite. Dès lors, on roule avec les mangroves à droite dans une section ombragée et douce. La qualité de l’accotement est meilleure que celle de la chaussée. Bonne idée d’avoir changé de pneus. À partir de ce moment là, seuls 5 véhicules croiseront ma route jusqu’à ce que j’arrête.
La mer et la montagne déploient leur beauté incroyable. La route, qui probablement fut un jour très belle a clairement perdu le combat contre la force de la nature. Les montées et le descentes se succèdent quand la falaise a été trop abrupte pour se laisser dompter et la qualité du bitume est variable. Sans doute qu’on pourrait passer avec un pneu de 23, mais ce serait inconfortable. Je suis saisi par le paysage, et plus j’avance, plus je ralentis et plus je rentre dans un mode contemplatif. La nature. Sauvage. Belle. Magique. Impossible de passer dans ses paysages la tête dans le guidon.
Au détour d’un village, je m’arrête pour demander de l’eau. On m’offre du café. Un vendeur de tomates m’interpelle. Au milieu de nulle part, la vie est suspendue au temps qui n’est pas pressé. Je me rends à l’évidence. Il faut que je prenne le temps. Je m’arrête donc en chemin au campismo La Mula. J’ai un petit bungalow sous les arbres, un ventilateur qui devrait marcher ce soir quand l’électricité sera allumée et deux lits. Un confort rustique mais suffisant.
Loin du cellulaire et de l’internet. Loin du tumulte de la vie moderne, mais tellement bien.