En étant refoulé à Palenque, mes plans ont été pour le moins chamboulés. Je voulais à l’origine faire l’itinéraire actuel dans la direction inverse et je n’avais pas vraiment envie de repasser à Moa. Force est de croire que je vais y être contraint, mais bon. Aujourd’hui mon périple m’a amené dans la zone la plus orientale de l’île, celle décimée par l’ouragan Matthew en Octobre. On m’a offert un transport en camion jusqu’à La Machina dont j’ai profité évitant ainsi certaines côtes vertigineuses, et me permettant d’arriver un jour plus tôt à Baracoa. La route en état moyen serpente de montées en descentes vertigineuses au milieu de palmiers dévastés. L’ouragan a fait ici ce que les compagnies forestières font en cachette chez nous. Un sentiment étrange m’a habité toute la journée. Une certaine compassion pour ces gens qui ont perdu pour la plupart leurs toits (remplacés par ailleurs en presque totalité par le gouvernement) et l’impuissance de n’être que témoin devant cette catastrophe.
Suite au passage de l’ouragan, le gouvernement a décidé d’investir dans la région pour en développer le potentiel touristique. Ils ont construit un campismo près du phare et sont en train de refaire une partie de la route entre Baracoa et Maisi pour supprimer un passage d’une pente inchiffrable, mais impossible à monter en vélo (je l’ai descendue). C’est plutôt une bonne nouvelle pour la région qui va avoir besoin de quelques années pour se remettre debout.
J’aurais dû être à Guantanamo ce soir au lieu de Baracoa pour prendre une pause. Je vais la prendre ici, même si Baracoa est une ville très touristique et où l’authenticité cubaine cède le pas à la possibilité de m’extirper quelques pesos. J’ai besoin de me reposer avant de repartir.